jeudi 22 juin 2017

Avancées du projet nutrition

Le projet NUTRITION : 


-          Depuis nos rencontres lors de notre séjour en Mars-Avril 2016, le groupe de promoteurs est plus que jamais motivé.
de gauche à droite: Lorenzo, Roselia, Oscar, Eusebio


 Voici quelques extraits des mails de Philippe:


Le 6 avril : « Bon alors voici les premières nouvelles de mes premières réunions avec les promoteurs puis avec la table directive. Ce ne fut pas de tout repos, car la réunion a duré plus de 4h, mais ce fut particulièrement intéressant !

Dans un premier temps, j'ai préféré que eux-mêmes me donnent un peu de leurs nouvelles, de comment vont les choses et leur travail en général, quels sont les problèmes qu'ils ont rencontrés, et quelles sont les choses qui leur manquent …

A la réunion étaient présents Oscar et Roselia les deux coordinateurs de l'aire de santé, puis Eusebio et  Lorenzo. Ils m'ont parlé des campagnes de vaccinations qu'ils continuaient à donner, mais aussi des ateliers tant sur la nutrition que sur les problèmes de l'eau; ils se disaient assez débordés et pas mal fatigués de toutes leurs sorties et travaux mais plutôt satisfaits dans l'ensemble.

Ils m'ont par la suite parlé de leur travail pour fonder un comité pharmacie et réussir à créer un véritable contrôle de tous les médicaments pour éviter que ces derniers se périment et pour toujours avoir un fond tournant d'argent pour pouvoir en cas d'urgence en acheter. Mais ils disaient qu'ils étaient trop pauvres en médicaments et qu'à beaucoup de pharmacies, il manquait l'essentiel.


Enfin, et alors là, franchement de manière très surprenante, ils m'ont parlé de leur sortie dans deux communautés, Aurora Esquipulas et Israelita pour faire les premières rencontres autour du thème de la nutrition. (incroyable, ils se sont lancés tout seuls sans que personne ne leur demande quoi que ce soit, et ils se sont motivés de par eux-mêmes, personnellement ça m'a fait des frissons de voir une telle motivation).

Ainsi ils ont décidé de réunir tous les promoteurs et promotrices de santé, deux jours avant leur sortie afin de préparer au mieux leur discussion avec les gens de la communauté. Une petite douzaine ont répondu présents, (faut dire que 15 jours plus tôt ils étaient allés dans une quinzaine de communautés pour vacciner les enfants). De là ils ont décidé ensemble de ce qu'ils allaient parler ; je cite Oscar "Nous nous sommes réunis pour essayer de planifier notre sortie dans les communautés, il fallait que nous définissions quel thème nous allions parler auprès des communautés, car la dénutrition, c'est un champ très vaste et on ne peut pas tout dire en une fois, sinon les gens ne nous écouteraient plus" »



Le 7 avril  (suite):  

« Ils sont partis en deux équipes dans chacune des communautés. Les familles intégrantes des abejas ont répondu à l'appel. À Aurora Esquipulas, 6 familles sur 7 étaient présentes (on rappelle que les familles vont de 8 à 15 personnes en général) et à Israelita la quasi totalité de la communauté était présente également.


A Aurora Esquipulas, les promoteurs ont donc commencé à parler de ce qu'était la dénutrition, et de l'importance de bien se nourrir, comment bien nourrir un enfant etc... D'ailleurs ils ont réutilisé le schéma de Marisa pour cela !  Ils ont préféré la dynamique de demander ce que devait manger l'enfant pour que chaque personne puisse répondre, au lieu de donner des instructions... 
Ils ont noté le manque de participation des femmes pourtant présentes. Oscar avait peur qu'elles ne soient pas intéressées et qu'elles ne soient présentes que par courtoisie. Ils ont aussi vu le problème et l'importance pour les femmes enceintes de bien manger.

Ensuite ils ont pensé  à peser et mesurer les enfants pour commencer à détecter les problèmes... ils trouvaient que commencer directement, ça allait probablement être un peu violent et ça n'allait pas mettre en confiance la communauté.

À la fin, les promoteurs ont demandé si ça leur avait plu, si les femmes voulaient qu'ils reviennent ou non....et là pas de réponse... ils se sont sentis bêtes, et Oscar a dit « bon, peut-être vous êtes timides, je vais me retourner pour pas que vous soyez gênées et je vous redemande... et là toutes en chœur ont répondu "siiiiiiiii  queremos que vuelven!!! On veut que vous reveniez"

Ils sont restés aussi dans l'idée de nommer un ou une promotrice de nutrition au sein de la communauté.

Donc ...ils ont marqué des points.




L'autre équipe se trouvait du côté de Israelita, une communauté particulièrement éloignée d'Acteal au bord d'une rivière... communauté menacée par un projet de barrage...

Eusebio a commencé à proposer aux femmes et hommes réunis de voir s’ils voulaient bien travailler la thématique de la nutrition, s’ils se rendaient compte qu'il y avait des problèmes pour eux et pour leurs enfants. La majorité des personnes ont dit que oui, il y avait de grands besoins, qu'ils n'avaient pas assez pour se nourrir correctement, qu'il leur fallait de nouvelles ressources, mais qu'ils ne voulaient pas qu'on leur apporte des poules ou de quoi élever des poissons, mais qu'il fallait aussi qu'on leur explique comment faire... Car les poules tombent malades, les poissons sont fragiles, et qu'ils avaient besoin de coups de main pour essayer de développer des alternatives. »



Ils ont vu et répondu aux questions de pourquoi la malnutrition et pourquoi la dénutrition, pourquoi ils n'arrivent pas à s'en sortir ou apprendre à s'en sortir.

Les femmes ont demandé à la promotrice Patricia quels fruits apportaient le plus de vitamines, quel aliment fallait-il le plus ingérer ? 


Voilà en gros les premières réunions...

Je vous le fais en mode récit, car c'est aussi comme ça qu'ils me l'on fait, et je crois qu'au final c'est plus parlant, bien que probablement trop descriptif pour que vous puissiez en faire un résumé !



Bref, il n'y a pas encore eu d'évaluation de ces rencontres entre les promoteurs présents, mais elle ne saurait tarder... Dans l'avenir ils comptent y retourner, et ont bien détecté le problème des femmes, elles n'arrivent pas à libérer la parole ; du coup il va vraiment falloir faire quelque chose, l'autre souci étant aussi que les femmes promotrices ne parlent pas non plus. L'autre barrière a été la langue, car ils sont dans une région tzeltal et non tsotsil, ils vont donc devoir trouver un traducteur mais ils ont des pistes.

A la demande des gens des communautés, ils comptent revenir avec un atelier sur l'hygiène personnelle et le maintien de la qualité de l'eau et des cultures.


Par la suite j'ai demandé aux promoteurs présents, donc les 4, comment ils s'étaient sentis, et les 4 m'ont dit qu'ils ont beaucoup aimé, ils se sont sentis utiles et ont bien vu que les gens étaient intéressés.



Ensuite je leur ai demandé ce qui leur a manqué :

Pour tous c'est un manque de matériel et d'outils pour présenter les choses, ils n'avaient pas de tableau ni de paperboard, ils voulaient diffuser une vidéo, ils n'avaient pas de quoi faire, et ils ont bien vu qu'avec des supports, il y aurait plus de possibilités de créer des dynamiques ou alors faire des peintures sur les murs pour mettre des messages de prévention, etc... »